la trace de l'extême (1) - Spécial Grand Raid Réunion 2008

genève, le 5 novembre 2008

En février, à Valencia je me rapproche fortement des 3h30 sur marathon, après une année de course à pied, il me semble que c'est plutôt bien. 
A la fin du mois de mai, je constate que la route m'ennuie, et me lance sur des courses de montagne, je tiens à péciser que s'est dur, mais j'aime bien monter, gravir, et être en nature.
En juillet, j'enchaîne Marathon de Zermatt et ultra marathon de Davos, j'en bouffe des kilomètres, oui, heureux je le suis, malgré les difficultés des longues distances en montagne, au départ je panique un peu en altitude, je me souviens au 60km de Davos à 2600m, des petits vertiges dû à l'altitude, et d'un petit passage neigeux, ou je n'ai pas droit à l'erreur, car si je glisse je fais une chute de 500m.

Toujours Davos, il me semble y avoir atteint le mur à deux reprises, au km 30 et au 70km, mais j'ai terminé, dans les profondeurs du classement, et voilà mon premier ultra, ça fait bizarre, d'autant plus que j'avais dit une à ma cousine que je n'irai pas plus loin que les simples marathons, et je me rappelle aussi d'avoir dit à Boris, qui m'accompagnait à Zermatt, plus jamais, c'est drôle l'être humain.
Depuis juillet, je suis sur la trace de l'extrême, pourquoi tu fais cela? C'est souvent la question de certaines personnes, voici ma réponse, je ne sais toujours pas, c'est peut-être un truc d'hyperactif, non, je crois que c'est plutôt mon chemin.

Sachant que j'ai fais le Marathon de Zermatt et Davos 78km, je me pose une question, en ocobre Marathon de Lausanne ou de Lucerne? et bah non, du Ruben tout craché,  je m'inscris au Grand Raid de la Réunion et ses 147km de montagne pour fin octobre, en ayant biensur demandé les conseils de Boris( un ami), voici sa réponse: vas-y, ça doit-être bien, mais sur le semi Raid pour commencer. Merci Boris.

Je m'inscris sur le Grand Raid, je sais que j'ai avalé beaucoup de kilomètres depuis janvier, et qu'en automne généralement je ne suis pas en forme, je prend le risque, le risque de quoi? de me blesser, d'avoir une rupture de fatigue, des tendinites, de ne pas terminer, de dépasser mes limites, et de ne pas m'en remettre, bon, j'ai 3 mois pour me préparer pour le Grand Raid, ça devrait suffir, en plus je dirais que j'ai une bonne endurance, donc je fais des sorties dans le Jura et en Haute-Savoie, je fais des sorties rando-course de 3heures, 6heures, 10heures, 3 fois par semaines, je me ménage dans les descentes, afin d'éviter les blessures et les douleurs au dos, je me permet de faire également la course du mandement 15km, le FYNE Marathon et le semi de Genève, je commence à sentir une certaine fatigue, je décide à 15 jours du Grand Raid de lever le pied, j'ai besoin de souffler, et le gros de ma préparation est fait. Je fais des sorties plus courtes et légères, et pensent au plaisir de courir, je constate que je cours moins vite qu'avant, la montagne m'a fait perdre de la vitesse, ce qui est normal ma foulée est plus courte, elle s'est adapté à la montagne, et d'ailleurs j'ai pas besoin de vitesse pour le Grand Raid.

J'arrive à la Réunion, le samedi 18 octobre, il me reste 6 jours d'attente, je profite de bien dormir, de me reposer, d'aller à la plage, d'aller au volcan de la fournaise, de faire un petit footing sur la plage et de chuter dans ce même petit footing, c'est lorsque qu'on s'y attend le moins que ça arrive, plus de peur que de mal.
Mardi 21, je vais à Cilaos, reconnaître le col de Taïbit, car j'ai besoin d'effort physique et j'ai besoin de savoir à quoi ressemble la montagne à la Réunion, cette reconnaissance me démoralise, car je constate que le col Taïbit est difficile, et le soleil tape.

Le lendemain, je vais chercher mon dossard au stade de la Redoute, lors de mon entrée dans le stade, je vais faire appelle à ma patience, car la file d'attente ne bouge pas d'un centimètre, et là je comprend vite que le Grand Raid à commencé, près de 3 heures d'attente pour mon dossard, c'est à la hauteur de la distance du parcours, 147km de montagne réunionnaise! D'ailleurs pour l'édition 2009, les organisateurs pourraient tenir en compte le temps effectué dans la file d'attente. Bref, je relativise dans la soirée, et replonge dans ma préparation de la course.

Jeudi 23 octobre, je me repose durant la journée, fait une dernière sieste, aujourdh'hui, c'est le jour du Grand Raid, le jour du départ, le jour de l'examen, le jour de montré ce que j'ai préparé durant ces derniers mois, qu'est-ce que je vaut sur une épreuve de ce type? Je vais le savoir, je vais avoir des réponses. Je suis plutôt calme, serein, je ne suis pas euphorique, je suis sur tout bien détendu, c'est normal après avoir fait 3 heures de reconnaissance à Cilaos, il y 2 jours ça calme!
Je prend le bus de l'organisation qui nous emmène au Cap Méchant, deux heures de bus, c'est chiant!
Ah enfin, la zone départ, je ne m'affole pas, je prend le temps de m'habiller, de m'enduire de vaseline, de manger, de boire. 
C'est drôle, à quelques minutes du départ, je suis toujours calme, alors qu'il y a quelques temps lors de course, ça m'arrivais d'être un peu nerveux, ah oui, je sais maintenant pourquoi? c'est le respect, oui, c'est ça, j'ai du respect face à cette distance et face à la montagne.

A quelques minutes du départ, j'entend " tu verras ça part comme un cross", éffectivement,  je suis placé au milieu du peloton, voilà, on y est, les raideurs sont lâché, les premiers se bousculent, et tout le monde part vite, comme s'ils avaient un train à prendre, il y en a pas à la Réunion. Comme d'habitude dans ces moments là, j'écarte mes bras, hein? une chaussure par terre, je vois sur le côté une femme qui pleure, elle a perdue sa chaussure, aïe, pas de chance.
Juste après le départ je suis pris du forte émotion, tant d'effort pour arriver là, participé à cette course, je suis en larmes, voir toutes ces petites lumières qui bougent dans tout les sens, magnifique!
Au km 2, je fais un arrêt pipi, au premier ravitallement, je ne m'arrête pas, j'évite la foule, car le peloton est encore compact, et d'ailleurs pour le moment j'ai tout ce qui me faut, de l'eau et à manger.
Nous prenons le chemin forestier qui mène au volcan, eh bein, ça bouchonne, comme pour la remise des dossard et comme pour aller à la plage, certains prennent le risque de dépasser, ils vont pas gagner beaucoup de temps, je reste calme et patient.
A foc-foc le soleil s'est levé,  je prend le temps de regarder le paysage. un paysage volcanique et magique.
Au km 30, je pointe au ravitallement de la route du volcan, je suis encore un peu énervé des bouchons de l'ascension, je ne suis pas dans les temps prévus, bon, ok,  ce n'est pas grave, je sais que pendant quelques kilomètres c'est plat, je vais pouvoir dérouler ma foulée et dépasser quelques concurents. Arrivée au pied de l'Oratoire de Sainte-Thérèse, j'arrête de courir et grimpe sous le soleil. Et commence à chercher Thérèse, non je plaisante, arrivée à l'Oratoire, je descend sur piton textor, une douce descente mais technique, puis direction Mare à Boue, ou je cours à nouveau avant d'y arriver, je prend mon premier repas chaud, un ravitallement organisé par l'amée,  une belle blonde me sert pâtes et poulet, sympas ce repas, trop bon,  je m'en souviendrais longtemps. En repartant, je ne sais toujours pas mon classement et je veux pas le savoir, tout ce que je sais c'est que ça fait une dicenne d'heures que je suis sur les sentiers, premier coup de pompe, et oui je suis en pleine digestion, je m'excite pas, il faut laisser le temps à mon ventre d'assimiler ce que j'ai mangé, je me dirige gentillement dans le bouillard vers la gîte du piton des Neiges, ce col me paraît interminable, en plus ça fait une heure que je suis sans eau, je tente de garder mon sang froid, croise des gens sur le bas côté, ils tentent de souffler un peu, moi je continu d'avancer, ah enfin, le ravitallement, le gîte piton des Neiges km 62 et 2434m!
Ce ravitaillement n'est pas spacieux, je m'attarde pas trop, je mange quelques choses, boit, et rempli mon camel. Je plonge vers Cilaos, la descente ne me paraît pas longue, mais quelques kilomètres avant d'arriver à Cilaos, le coup de mes chevilles commencent à se manifester.
Cilaos (1224m), km 69, je pointe, je ne suis pas du tout dans les temps espéré, tant pis.
Je suis un peu perdu, ou est le ravitallement?la cantine? les lits de campagne?  les douches? les toilettes?  mon sac d'assitance? dur, dur, de retrouver ses esprits après 16heures de grande vadrouille, en plus je ne sais pas comment m'y prendre, bon ok, pas de massage, je sors juste ma pommade, direction les toilettes, aïe, je croise tout ceux qui n'iront pas plus loin, eh oui, Cilaos est le lieu des abandons!
Enfin, je trouve la cantine, ça sera des pâtes, je discute à table avec deux raideurs, les rencontres commencent, yes, au loin à une autre table, laurent Jalabert, il a l'air frais et serein, les premières mauvaises langues se délie, il a abandonné, tu vois pas qu'il a pris sa douche. Ah ok, lui aussi.
De mon côté je repars, je vais vers la trace extrême, je me dirige vers le pointage de sortie, la fille au pointage veux me retirer le dossard, elle me demande: vous continuez? tu plaisantes, oui, oui, je continue, et pour la première fois je sais mon classement 721ème, je suis certainement reparti, parce que  je connais les 6kms qui arrivent, voilà, à quel moment peut aider la reconnaissance du parcours. En quittant Cilaos je me fais dépasser par Laurent Jalabert, il est toujours là, c'est plutôt flatteur de savoir que j'etais devant lui. Au milieu du col, j'ai un coup de pompe, je m'arrête un moment, sort mon portable et appelle Felipe(un ami), dans l'obscurité je repars difficilement avec un raideur, on discute un peu, je lui dis que le col n'est pas très loin, il m'accompagne dans ma dure descente sur Marla, voici, une des rencontres magique qu'on peut faire dans le Grand Raid, dans la pénombre on discute de tout et de rien, cela nous fait passé le temps, et me permet d'oublier mes douleurs aux chevilles, il tient à qu'on fasse la descente sur Marla ensemble, merci Alan, un britanique qui habite les Seychelles, on arrive ensemble à Marla KM 82 vers minuit, il m'accompagne à l'infirmerie, je lui dis merci, vas-y, va faire ta course. Je me fais masser les chevilles, et essaye de dormir, sous ma couverture de survie dans le froid à 1500m d'altitude, cela ne m'aide pas du tout, au bout d'une heure de sommeil je repars, ce froid devient insupportable, je dormirais plus loin. Entre Marla et Roche Plate, je vis des moments difficiled, j'ai mal à mes chevilles, le moral n'est pas présent, je laisse gentillement passer ceux qui viennent derrière, avant d'arriver deux espagnoles prennent le temps de faire des photos du cirque de Mafate, ils on bien raisons, je les interpellent, vous êtes espagnol, si, si, d'ailleurs l'un deux porte le t-shirt des 78km de Davos, comme moi, c'est drôle, je leur dis que je suis à la dérive depuis Marla. Maintenant le soleil est bien levé, il tape fort, je me cache sous ma casquette et boie beaucoup.


A Roche Plate KM  95, je pensais faire une sieste, j'entend dire qu'il faut pas commencer à s'attarder, sinon, on va courir derrière les  temps limites. Donc, ça sera, infirmerie pour les cloques, genoux et biensur les chevilles, mini-lessive pour mon t-shirt, je lave les pieds, mange un truc, remplie mon camel, prend deux dafalgan, car je souffre énormément des chevilles, ouais, là ça devient limite, je veux absolument rester raisonnable, et tenter de gérer mes blessures, oui, en plus je pense déjà à l'après Grand Raid.
 Je repars donc, à moitié retaper, le moral va mieux, mais malgré cela, je sais que suis dans le rouge, mes pulsations même à l'ârret on de la peine à redescendre, cela est signe de fatigue, mon organisme est sur la trace de l'extrême, dans ma tête, je me refuse de passer une deuxième nuit à la belle étoile, j'arrive encore à être lucide et à me respecter  malgré l'obstination de ce défi.

Km 100 mini-col, merde, une hypoglycémie, vite une bonne barre énergétique que j'adore, mmm... ça passe bien, ouf, ça va mieux, je croise les gendarmes de montagne, tu es dans les temps pour arriver à Grand Place, dans la descente sur Grand Place, je discute avec un monsieur, qui a plus de 50ans, on se dit qu'on va pas commencer stressé, et à courir derrière les barrières horaires, alors on discute de tout et de rien.

Arrivée à Grand Place KM 103, je pointe, 39h47, 1456ème, et vlan, dans la gueule, c'est bien juste, je suis à la dérive, voici le verdict, à 13 minutes près je suis hors course, bon ok, je vais au ravitallement, on me dis qu'un plat de pâte! il faut en laisser pour les autres, j'hallucine, bon ok, j'ai d'autres choses à gérer, je vais à l'infirmerie, et demande un bandage, si on me fait le bandage, je suis hors course, car la limite horaire est de 40 heures pour Grand Place, je viens tout juste de dépasser 40heures, ok, je réfléchis une petite minute, je regarde le médecin, je peux abandonner ici?  il me dit: oui, mais il te faut rejoindre deux bras, par la rivière des galets, ça t'évite de rester planter hors course à Aurère à 4heures d'ici, puis de faire 4heures de descente jusqu'à deux bras.

Je ne veux pas empiré l'état de mes chevilles, je ne veux pas continuer à mettre mon organisme dans des conditions extrêmes, je sais très bien que je suis dans le rouge.

En ayant bien réfléchit, je donne le dossard au médecin, et abandonne la course ici à Grand Place KM 103, juste avant la nuit. Eh oui, je suis dans le rouge depuis Marla, et cette année j'en ai assez fait avec mes objectifs sportifs. Je suis plutôt content d'avoir pris cette sage décision, malgré mon abandon. Du mérite j'en ai oui, comme tout mes semblables, finishers, ceux qui on abandonné ou ceux qui sont encore en course.

Je croyais que mes efforts physiques et mentals s'arrêtaient là, mais...

 



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